polichinelle

polichinelle

jeudi 26 avril 2018 à 19h00

Dans le cadre du festival Raccords, la librairie accueille les éditions Macula et vous propose une lecture de Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes de Giorgio Agamben par les comédiennes Esmé Planchon et Helena de Laurens.

« Ubi fracassorium, ibi fuggitorium – là où il y a une catastrophe, il y a une échappatoire ». Dans Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens, le philosophe Giorgio Agamben tente moins de percer le secret de Polichinelle que de l’exposer dans ses surfaces peintes et dans ses profondeurs de pensée pour l’offrir à notre méditation. Le livre, en quatre scènes, se déploie sur plusieurs portées. C’est d’abord un livre d’art – Agamben commente les extraordinaires dessins que Giandomenico Tiepolo composa autour de la figure de Polichinelle. Il regarde au plafond des villas vénitiennes, contemple des fresques à Zianigo et plonge dans les archives du peintre pour dégager entre les gravures et les esquisses de Tiepolo une figure majeure de l’histoire de l’art. Tiepolo se consacre à Polichinelle au moment où Venise s’éteint (1797). L’étrange bossu à la chemise blanche correspondrait ainsi à une philosophie de l’histoire. Mais il y a plus. Les dessins de Tiepolo expriment une dernière manière – le vieux peintre choisit la figure de Polichinelle pour dire adieu au monde des hommes et au monde de l’art. Une dimension autobiographique subtile accompagne ces pages dans lesquelles Agamben se tourne lui aussi vers la question de l’âge et scrute dans Polichinelle un mystère de la vie. Le livre est ainsi ponctué par des dialogues à plusieurs voix où Tiepolo et le philosophe s’entretiennent avec le roi des gnocchis qui répond en dialecte. Et pourtant, on ne saurait affronter une telle figure avec gravité. Polichinelle, c’est le défi du monde comique au sérieux de la philosophie. Agamben, en des pages inspirées, oppose la tragédie et la comédie au regard d’une philosophie du caractère, de l’action et de la liberté. Il retrouve alors un motif qui lui est propre : l’exposition de la vie nue, de la forme de vie, comme suspension et désoeuvrement. Dans la figure de Polichinelle, un grand nombre d’oppositions majeures de la philosophie morale s’abolissent : caractère et destin, comique et tragique, action et inaction. Comme dans un tableau de Tiepolo, le lecteur est invité à regarder un philosophe regardant un Polichinelle regardant un masque.