paris, métamorphoses

paris, métamorphoses

vendredi 1er juin 2018 à 19h00

Rencontre avec les écrivains Didier Daeninckx, Dominique Fabre et Marc Villard, autour de Paris et de ses métamorphoses. Une soirée proposée et animée par la journaliste et critique littéraire Christine Ferniot (Télérama) dans le cadre de la 15ème Saison de lecture dans le 2ème arrondissement organisée par l’association La Scène du balcon.

Artana ! Artana ! de Didier Daeninckx (éditions Gallimard)

Courvilliers est une ville de banlieue possiblement située entre La Courneuve et Aubervilliers. Ancien fief communiste, elle a connu le destin de beaucoup de municipalités de la périphérie parisienne, livrées à la corruption et aux trafics divers. Erik Ketezer est vétérinaire en Normandie, mais il a passé sa jeunesse à Courvilliers. Il va revenir dans sa cité natale à l’occasion de la mort du frère d’une amie. En enquêtant sur cette mort, il découvre l’état de déliquescence de la ville. L’économie est dominée par le trafic de drogue (le titre, Artana ! Artana ! est le cri que les guetteurs de rue lancent en cas de danger lors des transactions). Cinquante pour cent de l’argent de la drogue en France transite par la Seine-Saint-Denis. Le trafic s’organise au sein même de l’équipe municipale : on a découvert des centaines de kilos de cannabis dans le Centre technique de la mairie, dirigé par un délinquant notoire. Une impunité inexplicable règne, couvrant les actes de népotisme, les faux emplois, les pots-de-vin, les abus de bien sociaux en tout genre. Pendant ce temps, la ville va à vau l’eau, les équipements municipaux sont détériorés, les ascenseurs ne fonctionnent pas plus que le ramassage des poubelles, les rats pullulent, le maire a été élu grâce au travail efficace des dealers et des islamistes qui ont labouré le terrain en distribuant menaces et récompenses…

 

Le grand détour de Dominique Fabre et Charles Delcourt (éditions Light Motiv)

La petite ceinture est une infrastructure ferrée implantée à Paris dans la deuxième moitié du XIXème siècle pour le transport des voyageurs et des marchandises. Elle traverse neuf arrondissements périphériques de la capitale et permet de découvrir Paris d’un point de vue différent. Témoignage du passé ferroviaire pour les uns, espace à reconquérir pour d’autres. Cet espace en friche, énigmatique, est un lieu propice aux observations urbaines et à la création artistique. En grande partie recouverte par la végétation, progressivement réhabilitée en jardin, elle est une pièce maîtresse d’un nouveau paysage parisien. A l’horizon 2020 ce seront 10 km ouverts au total ( 3,5km en 2017) – au public.

 

Les biffins de Marc Villard (éditions Joëlle Losfeld)

Cécile est toujours en mouvement. Quand elle ne parcourt pas Paris en métro pour passer la soirée dans des bars ou pour rentrer chez elle de l’autre côté du périphérique, elle est en maraude nocturne avec le Samu social. Son travail est une réelle vocation. Elle s’occupe, souvent à leur corps défendant, d’une population de SDF, de démunis, de gens qui vivent en marge et s’aventure dans les recoins de Paris qui sont les leurs. Cette vie entièrement dédiée aux déshérités finit par lui peser : pas de temps pour se consacrer à ses passions, pas de temps pour vivre une histoire d’amour. Alors elle décide de changer d’association et de s’occuper des «biffins», ces vendeurs en tout genre qui étalent leurs marchandises aux franges des puces de Saint-Ouen. Cette reconversion qui devait lui offrir une vie plus calme et plus sédentaire est pourtant obscurcie par le meurtre d’un SDF que Cécile ne parvient pas à ignorer, elle qui a pourtant souvent croisé la mort dans son travail contre le froid et la nuit. Grâce à un langage vigoureux, juste et sans détails superflus, Les biffins se lit comme un roman, mais aussi comme un document d’un réalisme qui jamais ne déshumanise ni ne tombe dans le misérabilisme.