les fraternités

les fraternités

vendredi 20 avril 2018 à 19h00

Rencontre avec Philippe Papin autour de son roman Les fraternités, à paraître aux éditions Les belles lettres.

Le vieil homme qui raconte son histoire est un Juif français né à Hanoi, où il a grandi en marge de la société française d’Indochine. En 1940, avec l’établissement de « Vichy sous les tropiques », sa famille est persécutée, son frère meurt, ses parents sombrent dans la prostration. A l’après-guerre, par ressentiment, par dégoût de voir la colonie se réinstaller, et surtout par affection envers les habitants d’un pays qu’il considère comme le sien, il rejoint la révolution vietnamienne. Il fraternise avec l’ennemi et, sous le nom de « Do Thai » (« Juif » en vietnamien), rejoint le maquis d’Hô Chi Minh. Mais, là, rien ne se passe comme il l’avait imaginé. Il se fait d’abord rééduquer dans un centre de formation, puis on l’oblige à s’ensanglanter les mains dans une brigade chargée d’imposer la réforme agraire dans un village. Il devient « cadre » du Parti, la position la plus enviée mais qui exige une dureté qu’il ne possède pas. En 1954, il devient directeur d’une maison d’édition chargée de la propagande. Très vite, ses illusions s’envolent. En 1956, non sans scrupule, il passe du côté de la dissidence des « Cents Fleurs ». Quand celle-ci est réprimée, il est expulsé, échoue en Tchécoslovaquie puis, dix ans plus tard, après le vote de la loi sur l’amnistie des « traitres », arrive en France pour la première fois. Il s’y ennuie à mourir. Et c’est à la fin de cette étrange existence qu’il entreprend le voyage qui fait la trame de ce roman et lui permet de découvrir pourquoi et comment il a été protégé pendant des années par un dignitaire du Parti, Lê Van Bao, qui a veillé sur lui pour des raisons de fraternité, au sens propre du mot.