des os dans le désert

– jeudi 28 septembre 2023 à 19h

Sergio González Rodríguez (1950-2017) était un journaliste, écrivain et scénariste mexicain qui a notamment été chercheur à la Direction des études historiques de l’Institut national d’Anthropologie et d’Histoire. Ses multiples investigations, parfois menées au péril de sa vie, l’ont conduit à publier de nombreux essais et récits de non fiction, dont une tétralogie de la violence qui comprend « Des os dans le désert », « Un homme sans tête », « Campo de guerra » et « Les 43 d’Iguala ».
Des os dans le désert
Traduit par Isabelle Gugnon
« Les hommes ne sont pas tués parce qu’ils sont des hommes. Les femmes sont tuées parce qu’elles sont des femmes. Il s’agit d’une haine sexiste. Ce sont des crimes de pouvoir. » – Sergio González Rodríguez
Entre 1995 et 2003, une vague de féminicides sans précédent a lieu à Ciudad Juárez au Mexique. Face à l’inaction et aux mensonges des autorités, Sergio González Rodríguez enquête au péril de sa vie pour comprendre ces meurtres et les conditions de leur réalisation.
Explorant à la fois les spécificités géographiques de la ville-frontière de Ciudad Juárez, les gangs sataniques, leurs rituels, et les relations ambiguës entre les narcos et les politiciens locaux, il montre que cette violence est avant tout la traduction d’un système global qui organise les rapports de domination.
Ce narco-récit, qui mêle journalisme, essai et poésie, se dévore comme les plus grands romans noirs.
« Je ne me souviens plus de l’année où j’ai commencé à correspondre avec Sergio González Rodríguez. Tout ce que je sais, c’est que mon affection et mon admiration pour lui n’ont fait que croître avec le temps. […] Aujourd’hui vient de paraître son livre Des os dans le désert, un livre qui plonge directement dans l’horreur et que Sergio semble, avec un calme écrasant, n’avoir vécu que comme quelqu’un qui regarde la pluie tomber.
En réalité, plus que de la pluie, c’est un ouragan que Sergio a observé, puis en quelque sorte vécu. Son livre, non seulement ne nuit en rien à l’entreprise de ces mythes du journalisme, mais même, transgresse les règles du journalisme à la première occasion pour entrer dans le non-roman, le témoignage et la blessure. Des os dans le désert est ainsi non seulement une photographie imparfaite, et il ne pourrait pas en être autrement, du mal et de la corruption, mais se transforme en une métaphore du Mexique et du passé du Mexique, et du futur incertain de toute l’Amérique latine. C’est un livre qui ne se situe pas dans la tradition des récits d’aventures, mais dans celle des récits apocalyptiques, qui sont les deux seules traditions à rester vivantes dans notre continent, peut-être parce qu’elles sont les seules à nous rapprocher de l’abîme qui nous entoure » – Roberto Bolaño
Les 43 d’Iguala
Traduit par Guillaume Contré
La nuit du 26 septembre 2014, à Iguala, 43 étudiants disparaissent alors qu’ils se rendent à une manifestation. Selon le gouvernement mexicain, ils auraient été torturés, assassinés puis incinérés par le cartel des Guerreros Unidos.
En mémoire des 43 disparus, Sergio González Rodríguez consacre sa dernière enquête à cet événement qui a marqué le monde entier et dénonce la version officielle. Ce narco-récit remarquablement documenté et argumenté démontre que la source de ce juvénicide tient dans des causes plus profondes, historiques, politiques et sociales propres à l’État du Guerrero, ainsi que dans une doctrine gouvernementale qui instrumentalise sa politique de lutte contre les narcos comme prétexte à la défense d’intérêts personnels et à la répression militaire d’un mouvement social.
Au-delà de l’enquête, Les 43 d’Iguala, prend également la forme d’un incroyable réquisitoire quasi prophétique contre l’impunité et la violence systémique des états contemporains.