jeudi 19 octobre 2017 à 19h00
Déplacer les frontières du travail, Tracés, n° 32, sous la direction d’Anaïs Albert, Clyde Plumauzille et Sylvain Ville
Les reconfigurations récentes du capitalisme industriel dans les sociétés occidentales ont jeté le trouble sur la définition même du travail et sa fonction dans la société. À partir des années 1970, ces métamorphoses ont suscité, dans le champ des sciences humaines et sociales, un mouvement d’extension consistant à qualifier de travail un nombre croissant d’activités considérées jusqu’alors comme relevant de la générosité, du partage, de la solidarité, du don, du plaisir, de la création ou de l’engagement. À un moment historique de remise en cause du travail salarié et de sa capacité intégrative dans la société, de montée du chômage et de marchandisation générale de l’activité humaine, ce numéro de la revue Tracés souhaite poursuivre cette entreprise de dénaturalisation du travail en appréciant les luttes de qualification qui viennent régulièrement renégocier ses frontières. Le terme de frontières a son importance. Envisagé comme zones de contact mouvantes, il permet de sortir d’une réification des activités et de porter l’attention sur la plasticité du travail et de ses délimitations. Si chacune des contributions du numéro apporte un éclairage particulier à notre problématique, toutes défendent une même optique : restituer de façon positive les frontières mouvantes de l’activité laborieuse au plus près des pratiques sociales, saisir en quelque sorte la catégorie travail en action, dans un souci de reconnaissance des individus et de leur engagement dans la société.
La revue est accessible en ligne ici ou sur papier (achat en ligne et vente en librairie).
Travail immatériel et immesurable ?, Les Cahiers du GRM, 2016
Ce numéro s’intéresse aux analyses des féministes matérialistes dans années 1970 et 1980 comme celles de Silvia Federici – et de la plus méconnue, mais néanmoins importante Leopoldina Fortunati, sa « compagnonne de route » dans l’écriture de Il grande Calibano – qui offrent de précieux outils pour penser les antinomies du capitalisme contemporain. Le marxisme orthodoxe peinait à intégrer le travail domestique dans ses analyses, cette sphère prétendument « autre », « anachronique », qu’il percevait comme un résidu de féodalisme, n’entrait pas dans une compréhension globale des mécanismes du système capitaliste. Les analyses pionnières de Mariarosa Dalla Costa, Selma James, Leopoldina Fortunati et Silvia Federici ont permis de montrer que le travail domestique devait tout d’abord impérativement être « dénaturalisé », débarrassé de toute idéologie de l’instinct féminin, pour être réintégré dans une compréhension dialectique de ses liens avec le système économique dominant. Ces auteures ont contribué à penser le travail de reproduction et de « reconstitution » de la force travail (travail domestique et émotionnel) comme une partie constitutive et invisibilisée du travail productif.
Disponible en ligne ici.